L'œil du loup

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L'œil du loup

De Daniel Pennac 

Mise en scène Clara Bauer

Adaptation théâtrale Laurent Berger et Daniel Pennac avec Vincent Berger, Habib Dembélé et Ximo Solano 

Collaboration artistique Ximo Solano

Décor, costumes et lumières Oria Puppo

Musique Jean-Jacques Lemêtre

Recherche et documentation Fanchon Delfosse 

Assistante à la mise en scène et à la création musicale Alice Loup

Régie générale Arthur Franc

Construction décor Arthur Franc, Valéria Muccioli 

Chargé de production Damien Grégoire 

Production compagniemia 

Coproduction il Funaro/ Italie 

Avec le soutien du Fonds de dotation Les Partageurs 

Le livre L’oeil du loup est édité aux Éditions Fernand Nathan.

À la lecture de L’Œil du loup de Daniel Pennac, j’ai immédiatement eu envie de monter ce texte au théâtre. Un loup borgne et un enfant se regardent fixement dans un zoo, séparés par la grille d’une cage. Chacun à son tour pénètre dans l’œil de l’autre et y découvre l’ensemble d’une vie. Dans cet échange de regards, deux univers s’épient, s’accueillent, s’opposent et finissent par se correspondre. 

L’enfant découvre la vie du loup et le loup, celle de l’enfant. C’est le face à face de deux exilés : le loup, capturé par les hommes dans son Alaska natal, ne perçoit plus le monde du zoo que d’un seul œil, ne portant aucun intérêt aux visiteurs qui viennent l’observer dans sa prison. L’enfant est l’enfant de l’Afrique, celui de toutes les Afriques. Il va finir par s’échouer dans l’Autre Monde, loin de son continent, que l’homme s’acharne à détruire. 

Un œil, un monde. Dans cet œil, une histoire, celle d’un autre monde. Un jour, cet œil chargé d’histoire en rencontre une autre. Et dans cet échange inattendu, se dessine la naissance d’une réconciliation. 

Le conte est d’une densité telle qu’il réveille la plupart des émotions fortes qui constituent la vie de chacun d’entre nous. Pour exotiques qu’elles soient, ces deux existences nous ramènent incessamment à la nôtre. Je retrouve dans ce conte ce sentiment de solitude, que seuls l’amour ou l’amitié parviennent parfois à combler. Il m’apparaît comme un inépuisable livre d’images. Quand on ouvre pour la première fois ce livre, on ne lit pas l’histoire on la voit, et c’est cette vision qu’il s’agit de faire surgir sur scène. 

L’idée de construire pour le texte – préservé dans sa dimension narrative – un espace de jeu et un décor comparables à un coffre que l’on ouvre pour libérer des surprises, m’est apparue comme une clé. L’adaptation théâtrale intègre l’idée de pièce dans la pièce. Les personnages deviennent les comédiens, et les comédiens incarnent les personnages. Nous y voyons une histoire dans l’histoire. Les deux finissent par devenir un seul et même conte. Ce parti pris de mise en scène épouse la structure même du livre. Deux comédiens livrés à eux- mêmes répètent L’Œil du loup sur un plateau en cours de montage. Des techniciens au travail passent et viennent interrompre le fil de la narration et plongent les acteurs dans leurs questionnements, leur recherche. Ces incidents nous extraient du conte pendant quelques instants, ils proposent des temps de respiration en inventant une histoire dans l’histoire. Peu à peu les comédiens sont absorbés par le conte.Tout comme les personnages sont absorbés par l’histoire de l’autre. Le monde s’enchante. 

« Évidemment, pense Loup Bleu, évidement, c’est tentant, ça mérite d’être vu avec les deux yeux. »

C’est cela qui me tient le plus à cœur ici : grâce à la rencontre avec l’autre, nous pouvons nous améliorer, soigner nos blessures. La vie mérite alors d’être vue avec les deux yeux. 

Clara Bauer 

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