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Une pierre de patience
Une pierre de patience
À partir de Pierre de patience d’Atiq Rahimi
Texte Atiq Rahimi, Ximo Solano
Mise en scène Clara Bauer
Assistante à la mise en scène Margot Simonney
Aide aux textes et à la diction Françoise Berge
Avec Pako Ioffredo, Gaetano Lucido, Aida Nosrat, Ximo Solano, Kalieaswari Srinivasan
Musique Alice Loup
Lumière Cécile Bourrellis
Éléments scéniques Antonella Carrara
Costumes Chattoune
Régie générale Gilbert Morel
Direction de production Christophe Piederrière // Cyclorama
Remerciements Mahmoud Chokrollahi, Camille Desjardin et Monica Infuso
Production compagniemia
Coproduction Les Francophonies – Des écritures à la scène, Le 360 Paris Music Factory
Accueil en partenariat avec les Centres culturels municipaux de Limoges / Scène conventionnée d’Intérêt National Art et Création – Danse
Avec le soutien de l’Institut Français en Inde et de l’Alliance Française de Madras
Avec le soutien financier de l’Union européenne – projet Ethical Fashion Initiative en Afghanistan et de du Fonds de dotation Les Partageurs
Dans le roman de l’auteur afghan Atiq Rahimi, la « pierre de patience », « syngué sabour », est la pierre qui libère la parole. Une femme, au cœur de la guerre qui sévit en Afghanistan, se confie à cette pierre. Syngué sabour accueille les secrets, elle délivre du poids des non-dits, des interdits et de la culpabilité engendrés par la tradition ou la religion. Mais la pierre reçoit aussi les récits de joies, d’affranchissements, de jouissance.
Pierre de patience est un roman et également un film plein d’émotions réalisé par l’auteur lui-même. Le roman parle de la difficulté d’être une femme en Afghanistan, de la difficulté d’être une femme à tout moment et comment la capacité, la résilience et le courage, sont capables de créer de petits paradis dans les pires situations même si ces paradis ne durent pas longtemps et sont détruits par les mythes de la religion, de la tradition et de la masculinité. Le texte est une réflexion sur le racisme, la religion, la masculinité et les traditions de notre monde occidental. Il met en lumière une femme, et à travers son image, son reflet, il nous montre toutes les femmes du monde y compris celles de l’Occident où tout apparaît écrit pour qu’elles puissent jouir d’une liberté totale, sans oppression…
De la découverte de l’auteur, du roman et du film, et aussi de la phrase de Jean-Claude Carrière selon laquelle Pierre de Patience ne peut être adaptée sur scène au théâtre, est venue l’idée du spectacle. En développant « le chemin » qui les ont porté à essayer d’adapter au théâtre Pierre de Patience d’Atiq Rahimi, Clara Bauer et Ximo Solano ont commencé à penser des scènes et ont décidé d’écrire la structure pour le spectacle à partir de leur propre expérience et de celle des comédien·nes. La pierre, syngué sabour, comme le roman, seront le cœur battant de la dramaturgie. Elle sera celle qui reçoit les expériences personnelles à l’origine d’une création, la recherche et les errements, les joies et les doutes artistiques. Il y aura évidemment beaucoup de fiction dans Une pierre de patience mais elle sera toujours basée sur les innombrables anecdotes que nous avons vécues et celles qui nous allons vivre.
L'œil du loup
L'œil du loup
De Daniel Pennac
Mise en scène Clara Bauer
Adaptation théâtrale Laurent Berger et Daniel Pennac avec Vincent Berger, Habib Dembélé et Ximo Solano
Collaboration artistique Ximo Solano
Décor, costumes et lumières Oria Puppo
Musique Jean-Jacques Lemêtre
Recherche et documentation Fanchon Delfosse
Assistante à la mise en scène et à la création musicale Alice Loup
Régie générale Arthur Franc
Construction décor Arthur Franc, Valéria Muccioli
Chargé de production Damien Grégoire
Production Productionmia
Coproduction il Funaro/ Italie
Avec le soutien du Fonds de dotation Les Partageurs
Le livre L’oeil du loup est édité aux Éditions Fernand Nathan
À la lecture de L’Œil du loup de Daniel Pennac, j’ai immédiatement eu envie de monter ce texte au théâtre. Un loup borgne et un enfant se regardent fixement dans un zoo, séparés par la grille d’une cage. Chacun à son tour pénètre dans l’œil de l’autre et y découvre l’ensemble d’une vie. Dans cet échange de regards, deux univers s’épient, s’accueillent, s’opposent et finissent par se correspondre.
L’enfant découvre la vie du loup et le loup, celle de l’enfant. C’est le face à face de deux exilés : le loup, capturé par les hommes dans son Alaska natal, ne perçoit plus le monde du zoo que d’un seul œil, ne portant aucun intérêt aux visiteurs qui viennent l’observer dans sa prison. L’enfant est l’enfant de l’Afrique, celui de toutes les Afriques. Il va finir par s’échouer dans l’Autre Monde, loin de son continent, que l’homme s’acharne à détruire.
Un œil, un monde. Dans cet œil, une histoire, celle d’un autre monde. Un jour, cet œil chargé d’histoire en rencontre une autre. Et dans cet échange inattendu, se dessine la naissance d’une réconciliation.
Le conte est d’une densité telle qu’il réveille la plupart des émotions fortes qui constituent la vie de chacun d’entre nous. Pour exotiques qu’elles soient, ces deux existences nous ramènent incessamment à la nôtre. Je retrouve dans ce conte ce sentiment de solitude, que seuls l’amour ou l’amitié parviennent parfois à combler. Il m’apparaît comme un inépuisable livre d’images. Quand on ouvre pour la première fois ce livre, on ne lit pas l’histoire on la voit, et c’est cette vision qu’il s’agit de faire surgir sur scène.
L’idée de construire pour le texte – préservé dans sa dimension narrative – un espace de jeu et un décor comparables à un coffre que l’on ouvre pour libérer des surprises, m’est apparue comme une clé. L’adaptation théâtrale intègre l’idée de pièce dans la pièce. Les personages deviennent les comédiens, et les comédiens incarnent les personnages. Nous y voyons une histoire dans l’histoire. Les deux finissent par devenir un seul et même conte. Ce parti pris de mise en scène épouse la structure même du livre. Deux comédiens livrés à eux- mêmes répètent L’Œil du loup sur un plateau en cours de montage. Des techniciens au travail passent et viennent interrompre le fil de la narration et plongent les acteurs dans leurs questionnements, leur recherche. Ces incidents nous extraient du conte pendant quelques instants, ils proposent des temps de respiration en inventant une histoire dans l’histoire. Peu à peu les comédiens sont absorbés par
le conte.Tout comme les personages sont absorbés par l ́histoire de l’autre. Le monde s’enchante.
« Evidemment, pense Loup Bleu, évidement, c ́est tentant, ça mérite d’être vu avec les deux yeux.»
C’est cela qui me tient le plus à cœur ici : grâce à la rencontre avec l’autre, nous pouvons nous améliorer, soigner nos blessures. La vie mérite alors d’être vue avec les deux yeux.
– Clara Bauer
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